Les « faux-amis » en français

Mais qui sont-ils ces petits mots, ces petites expressions qui peuvent parfois se mélanger ? Ces homophones et homonymes qui peuvent s’avérer un casse-tête ? Ils sont ce que j’appelle des « faux amis », des mots ou expressions qui se ressemblent mais qui n’ont pas la même signification (en bref la définition d’homonyme) !

Est-on « sensé » ou « censé » faire quelque chose ? Est-ce fatiguant ou fatigant ? Doit-on payer un lourd tribu ou tribut ? Ne fais-je finalement que « bâiller » aux corneilles ? Ou peut-être est-ce « bailler »… ou autre chose encore ?

Ces quelques phrases ne sont-elles finalement que les « prémisses » ou les « prémices » de cet article ? Hmm… difficile à dire !

Je ne sais pas si je suis « convaincant » (ou « convainquant » ?) mais je vais essayer au moins d’être clair !

Petit retour sur quelques faux amis !

CESSION/SESSION

Les deux termes n’ont pas du tout la même signification !

  • Cession : il s’agit de l’action de céder quelque chose, la cession d’un bien par exemple.
  • Session : désigne une période de temps, la session des examens par exemple.

CENSÉ/SENSÉ

Deux homophones au sens différent encore :

  • Être censé : être supposé (faire quelque chose)
  • Sensé : qui a du sens.

PRÈS/PRÊT

Autre grand classique des erreurs que je rencontre souvent :

  • Être près de : être sur le point de (je ne suis pas près d’arriver). Près est une préposition invariable, contrairement à
  • Prêt : adjectif. Il n’est pas prêt, elle n’est pas prête.
  • Attention : on peut dire « elle n’est pas prête à recommencer cette bêtise » ou « elle n’est pas près de recommencer », mais aucunement « elle n’est pas prête de recommencer ».

BAILLER/BÂILLER/BAYER

Voici trois verbes qui n’ont pas du tout la même signification :

  • Bâiller : ouvrir la bouche pour prendre une inspiration ;
  • Bailler : synonyme vieilli de « donner »
  • Bayer : verbe vieilli également, qui signifie « rêvasser », dans l’expression « bayer aux corneilles ».

COUR/COURS/COURT

Autre classique des petites erreurs habituelles :

  • Cour : la cour d’école, mais
  • Cours : le cours d’eau, le cours en classe (la leçon)
  • Court : adjectif court/courte

On pourrait également ajouter à cette liste le verbe courir conjugué au présent « tu cours, il court ».

PRÉMICES/PRÉMISSES

De nouveau deux termes au sens différent :

  • Prémices : le commencement, le début, les premiers signes (les prémices de l’hiver par exemple).
  • Prémisses : commencement d’une démonstration, affirmation que l’on tire d’une conclusion (terme soutenu).

TACHE/TÂCHE

Le grand classique de l’inversion sémantique !

  • Tache : la petite souillure qui vient toujours se loger sur les vêtements neufs…
  • Tâche : le travail à accomplir, « se tuer à la tâche »… Mais la tache, elle, ne tue pas !

EN TRAIN DE/ENTRAIN

Je vois souvent écrit « il est entrain de »… ce qui est une erreur, on est « en train de… faire quelque chose » mais cela ne doit pas nous empêcher d’avoir de « l’entrain » pour celle-ci !

ÇA/ÇÀ

Une différence là encore assez simple et qui ne devrait pas donner autant de sueurs froides que le roman de Stephen King du même nom ! :

  • Çà : adverbe de lieu, dans l’expression « çà et là » par exemple ;
  • Ça : le pronom démonstratif.

QUELQUEFOIS/QUELQUES FOIS

Ici, la distinction est plus délicate car leur sens est un peu similaire :

  • Quelquefois (adverbe) est le synonyme de « parfois », et signifie « dans un certain nombre de cas ». « Il est quelquefois fatigué après sa journée de travail ». Quelquefois que, suivi du conditionnel, s’emploie également : « je prends un manteau, quelquefois qu’il pleuvrait ».
  • Quelques fois : signifie « à plusieurs reprises ». « Les quelques fois où il a été absent au travail ».

QUOIQUE/QUOI QUE

Autre distinction délicate car également proches dans le sens !

  • « Quoique » est une conjonction de subordination introduisant une proposition d’opposition ou de concession, suivie du subjonctif. Elle est synonyme de « bien que ». Quoique peut également introduire une objection. Si l’on peut remplacer « quoique » par « bien que », alors nous avons affaire à la conjonction en un seul mot : « Quoiqu’elle soit gentille, il ne faut pas l’embêter outre mesure » = « Bien qu’elle soit gentille… »
  • « Quoi que » est plus précisément une locution concessive : « quoi qu’il arrive » est différent de « bien qu’il arrive ». « Quoi que nous fassions… »

TRIBU/TRIBUT

Les deux termes n’ont pas du tout la même signification :

  • Un tribut : une somme à payer, une contribution, une rançon (pensez à « être tributaire »).
  • Une tribu : groupe social ou ethnique.

MARTYR/MARTYRE

Dans ce cas, les sens sont assez proches, d’où la confusion habituelle :

  • Martyr : personne qui a souffert pour avoir abjuré sa foi, ou souffre-douleur.
  • Le martyre : toutes les tortures qui ont été infligées au martyr… (synonyme de calvaire, ou supplice). On dit donc « il souffre le martyre ».

PLUTÔT/PLUS TÔT

Il m’est arrivé de croiser cette confusion, somme toute assez simple :

  • Plutôt est un adverbe de préférence : « Plutôt mourir ! » qui n’a pas la même signification que « Plus tôt mourir ! »…
  • « Plus tôt » signifie en avance, tout simplement. « L’hiver s’est installé plus tôt que prévu ».

FATIGANT/FATIGUANT

Alors en fait, il s’agit ici de faire la distinction entre l’adjectif « fatigant/fatigante », et le participe « fatiguant » qui ne se distingue que par la présence du « u ». On retrouve ce problème avec de nombreux verbes comme « convaincre », donnant « convaincant/convaincante » l’adjectif et « convainquant » le participe ; idem pour « fabricant » et « fabriquant », le premier est un nom (le fabricant d’armes), le second le participe : « en fabriquant les armes, le fabricant d’armes fait le commerce de la mort » ; « le personnel navigant, qui, naviguant dans les airs, participe au bien-être des passagers ». Etc.

SUSPENSE/SUSPENS

  • Le suspense (anglicisme) : le moment qui fait naître l’intrigue, l’angoisse, etc. (c’est aussi un terme de droit canonique mais dont la signification n’a rien à voir)
  • « Suspens » se retrouve dans l’expression « en suspens ».

À noter qu’il est autorisé d’écrire « du suspens » pour un film, un livre, etc. mais il est bon de connaître la distinction !

Voici donc quelques « faux amis » mais il en existe sans doute bien d’autres. N’hésitez pas à m’en signaler afin que je puisse les intégrer !

2 comments on “Les « faux-amis » en français”

  1. nicolaskoch Répondre

    Eh oui, bayer aux corneilles est une difficulté de la langue, mais c’est aussi ce qui en fait une langue magnifique 🙂

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